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Troyes, ville hôpital

Le bilan des pertes humaines se dressera rapidement. Côté français, 330 000 hommes disparaîtront dès les 2 premiers mois de guerre. L'énormité des sacrifices consentis ne  s'arrêtera pas  là... Les batailles de la Marne, de l'Aisne, de la Somme, de l'Artois, des Flandres, de l'Isère, de Verdun... pour ne citer que les plus significatives,  entraîneront la disparition  de 9 millions d'hommes et compteront plus de 20 millions de blessés pour l'ensemble des nations engagées dans le conflit.

La Grande PosteVoir l'image en grand La Grande Poste comme tous les édifices publics, est gardée militairement.La France perdra 1 497 000 concitoyens. L'école spéciale des mutilés de Paris dénombrera en 1918 plus de 6 millions d'invalides en Europe dont 300 000 à cent pour cent. La société gardera longtemps la préhension de l'horreur de la "grande guerre". Alors mesure-t-on l'importance durant le conflit des centres de traitement médicaux.

On dénombrera à Troyes jusqu'à 20 hôpitaux installés le plus souvent dans les écoles d'enseignement privés et publics. Dès les premiers jours d'août 1914, le lycée de garçons Pithou, actuellement  espace Argence,  accueillera dans son aile droite l’Hôpital auxiliaire n°201 dit des "Dames Françaises", organisme lié à la Croix Rouge, rapidement complété "in situ" par l'installation de l’Hôpital temporaire n°6. L'école Casimir Perier recevra l’Hôpital d'évacuation n°22 et l'école des Jacobins l'hôpital auxiliaire n°2 dès la mi-août. L'Hôpital auxiliaire n°4 s'installera dans l'École normale d'instituteurs au quartier St­ Jacques. L'ancien séminaire, rue de l'Isle abritera l'hôpital militaire n°8 et Saint-Martin ès-Aires sera affecté au traitement des soldats présentant de graves troubles psychologiques. Avec l'accroissement des besoins en locaux médicaux, l'annexe de l'Hôtel Dieu sera réquisitionnée pour accueillir l’Hôpital mixte n°l, l'orphelinat Audiffred l'hôpital temporaire n°3. Le lycée de Jeunes Filles Marie de Champagne deviendra en  1917 un hôpital canadien d'une capacité de plus de 1 400 blessés. L'hôpital auxiliaire bénévole 301 le "scottish women's hospital" s'installera dans le domaine de Chanteloup à Sainte-Savine. À cet ensemble il faut mentionner les réquisitions des cliniques privées et l'utilisation des postes de secours et infirmeries des casernes troyennes. Ainsi Troyes deviendra l'une des premières villes hôpital de l'arrière-front.

L'encadrement de ces hôpitaux fut assuré par un personnel médical civil et militaire compétent qui contribuera considérablement au progrès de la médecine. Il faut citer le Dr L. Bailleul, membre correspondant de la Société académique de l'Aube et médecin chirurgien à l'hôpital auxiliaire n°2 de Troyes qui parvint à convaincre Mr le Directeur du Service de Santé de la 20e Région Militaire de la nécessité de réformer la prise en charge et le transport du blessé de guerre.

La fin de l'année 1914 vit la création des ambulances chirurgicales automobiles. Leur mise en service permit de donner les premiers soins d'urgence et d'enrayer notamment les affections. Les blessés étaient ensuite acheminés dans les hôpitaux de l'arrière. Ainsi, l'hôpital auxiliaire n°2 de Troyes reçut, le 26 octobre 1914, 51 blessés transportés d'urgence par automobiles après les premiers soins. Ils recevaient immédiatement le traitement adapté. Les résultats furent remarquables, démontrant ainsi l'efficacité de cette nouvelle technique de soins immédiats. Elle sera considérée comme  l'un des grands progrès dans le domaine de l'intervention médicale.

La rééducation du blessé constitua l'autre grande innovation. Un centre de physiothérapie fut installé sur trois hectares de terrain à la Chapelle Saint-Luc. Inauguré le 21 janvier 1917, par le président de la  République française Raymond Poincaré, cet hôpital permit la ré-éducation par des méthodes nouvelles : la gymnastique, l'électro-thérapie, la mécano-thérapie et d'hydro­thérapie. Pour les réformés définitifs, ce centre préparait à la réinsertion professionnelle par l'enseignement de métiers manuels et intellectuels.