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Premières cérémonies à Troyes

Comité de secours aux prisonniers de guerreVoir l'image en grand Comité de secours aux prisonniers de guerre des 3 cantons de TroyesDans la préfecture de l'Aube, après les manifestations populaires qui saluent l'armistice et un premier hommage aux morts rendu le 17 novembre 1918 par la municipalité au cimetière de Troyes, où reposent les corps des soldats morts dans les hôpitaux de la ville, une cérémonie importante a lieu le 1er décembre 1918 : elle commémore le retour à la France de l'Alsace et de la Lorraine et rassemble des militaires français mais aussi la Musique militaire américaine, autour du monument des Enfants de l'Aube (1).

Ce monument, installé face à la gare, rappelle la mort de 967 Aubois tués durant la guerre de 1870-1871. Erigé à l'initiative de la société des Anciens Sous-Officiers de l'Aube, il est dû au sculpteur Désiré Briden, qui a réalisé les hauts-reliefs en bronze à la base du fût, et à Alfred Boucher, qui a sculpté le groupe en marbre placé au sommet (2).

Inauguré solennellement le 22 juin 1890, le monument des Enfants de l'Aube avait une symbolique forte. Il ne faisait pas que rendre hommage aux morts, il préparait la revanche : le groupe en marbre, intitulé Vaincre ou mourir, représente une femme qui s'avance, soutenant son fils mourant. Celui-ci transmet à son cadet un glaive, et, derrière eux, un homme forge les armes de la revanche.

La symbolique du marbre était donc claire : la mère-patrie pleure ses enfants mais elle transmet le goût du combat aux générations futures, tandis que l'on réarme le pays. La cérémonie du 1"' décembre 1918 marque donc la fin d'un cycle : les soldats de 1870-1871 ne sont pas morts en vain, leurs cadets de 1914-1918 ont vaincu l'ennemi.
Comme le dit le maire Armand-Célestin Michel, s'adressant aux morts de 1870-1871, « vous êtes vengés et bien vengés : à 47 ans d’intervalle presque jour pour jour, l'Al­lemagne, à son tour, a trouvé son Sedan. » (3).


(1) Ordre du défilé du le décembre 1918. Archives municipales de Troyes (AMT). 4 H 153.
(2) Voir Christian LAMBART. « Le passé d'une image : le monument des Enfants de l'Aube », publié dans La Vie en Champagne. n° 7, juillet-septembre 1996. p. 36-45.
(3) Le Petit Troyen. 2 décembre 1918.

Par Olivier Pottier