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Journal d’une troyenne

Le journal d’une troyenne...

Je montais les escaliers qui craquaient sous mon poids et dont les marches paraissaient vermoulues. Mon pas se fit hésitant. Les maisons troyennes, vieilles et penchées, me laissaient toujours perplexes ; comment les murs pouvaient-ils encore tenir en place ?
J'atteignais enfin le grenier poussiéreux et ouvrais la lourde porte qui grinçait. La petite pièce était largement encombrée : le travail de tri allait être périlleux. Il faudrait décider ce qui serait mis à la vente, ce qui serait jeté et ce qui serait gardé. Mon grand-père avait tout conservé depuis le fusil à baïonnette de son aïeul jusqu'à mes jouets de petit garçon.

Au milieu de tout ce capharnaüm, un gros et vieux coffre en chêne attira mon attention. En m'approchant, je constatai qu'il n'était pas verrouillé. Je m'accroupis et soulevai le capot. Un nuage de poussière s'éleva et me fis éternuer. A l'intérieur de la malle se trouvaient divers objets et atours. D'abord des vêtements : une robe de mariée d'un autre âge et deux uniformes de poilus. Ensuite, des objets plus intimes : une alliance, un camée[1], une photo de famille, une photo de couple. Il me sembla qu'il s'agissait de mes arrières-arrières-grands-parents accompagnés de leurs enfants.

Je trouvai aussi plusieurs volumes de journaux intimes datant de 1914 à 1918 ; ceux d'Elisabeth Grenier, mon arrière-arrière-grand-mère. Précisément la période de la grande guerre. J'ouvris le premier tome à une page au hasard.


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